Conversation avec Jordan O'Brien : Perspectives sur l'Alberta
- Porter O'Brien Team
- 22 mai
- 5 min de lecture

Jordan O’Brien, associé chez Porter O’Brien, s’est rendu en Alberta au lendemain des élections fédérales afin de rencontrer ses clients actuels, anciens et potentiels à Calgary, et d’assister au sommet sur la sécurité énergétique Invest Alberta North Star, en tant que seul participant du Canada atlantique. À cette occasion, il a pu s’entretenir avec plusieurs chefs d’entreprise et habitants de la région au sujet de leurs réflexions sur le nouveau gouvernement fédéral, le séparatisme albertain et les perspectives d’avenir pour l’Alberta et le Canada. Nous avons discuté avec lui de son expérience.
Note : Cet entretien a été écourté pour des raisons de concision.
Q : Jordan, quelles étaient vos attentes en arrivant à Calgary ? À quoi vous attendiez-vous quant au paysage politique dans l’Ouest ?
JO : Je pense que la population de l’Alberta se sent déconnectée d’Ottawa, en particulier lorsque le gouvernement est libéral. Nous avons un bon réseau en Alberta, et je m’y suis rendu pour discuter des préoccupations et priorités des Albertains et pour participer au sommet Invest Alberta North Star sur la sécurité énergétique. J’ai été étonné de constater que la situation n’était pas aussi tendue que je l’avais imaginé.
Les médias parlent beaucoup du séparatisme albertain en ce moment, et j’ai eu plusieurs conversations très intéressantes, y compris avec des personnes perçues comme étant associées au mouvement séparatiste. Or, ce n’est pas ainsi qu’elles décrivent leur position. Je n’ai parlé à personne qui souhaite la séparation, mais beaucoup s’en inquiètent. Ce ne sont pas les chefs d’entreprise ni les politiciens qui veulent que l’Alberta se sépare, mais il y a des gens qui se sentent réellement lésés et qui y sont favorables. Si Ottawa ne modifie pas sa façon de s’exprimer et de gouverner, ces personnes pourraient finir par constituer une majorité.
Ce que j’ai entendu, c’est que les Albertains acceptaient plutôt bien les résultats des élections et qu’ils étaient prudemment optimistes quant à la possibilité que ce gouvernement diffère du précédent. Cela dit, le diable se cache dans les détails : la composition du Cabinet, le budget et le discours du Trône. Jusqu’à maintenant, nous connaissons la composition du Cabinet. Bien que la nouvelle ministre de l’Environnement, Julie Dabrusin — ancienne secrétaire parlementaire du ministre Guilbeault — suscite certaines réserves, je pense que les Albertains en général s’en satisferont. Et avec Tim Hodgson responsable de l’Énergie et des Ressources naturelles, il y a des raisons d’être optimiste.
Q : Quelles sont les préoccupations les plus fréquentes en Alberta actuellement ?
JO : Il y a un fort sentiment qu’Ottawa ne comprend pas le fonctionnement du secteur des ressources ni l’impact que certaines lois et politiques récentes ont eu sur ce dernier. L’Alberta espère des changements. En réalité, l’attitude compte énormément. Les décisions d’investissement reposent en grande partie sur la perception du risque, et l’attitude d’un gouvernement envoie un signal. Bien sûr, certaines politiques devront être ajustées, mais un changement de ton pourrait déjà améliorer le climat d’investissement dans l’Ouest canadien. Et jusqu’à présent, c’est ce que l’on semble observer.
Q : Vous dites que la province est relativement satisfaite de la composition du Cabinet. Pouvez-vous préciser ?
JO : Ce que j’ai entendu à plusieurs reprises, c’est que les Albertains ne s’attardent pas tant à savoir s’il y a des représentants de leur province au Cabinet ni quels portefeuilles ils détiennent. Ces dix dernières années, des Albertains ont siégé au Cabinet, mais beaucoup estiment que cela n’a pas changé grand-chose. En revanche, ils étaient très attentifs au choix du ministre des Ressources naturelles et de la ministre de l’Environnement. Ils voulaient savoir si ces personnes étaient prêtes à dialoguer ou si elles étaient idéologiquement opposées à la vision albertaine. Le gouvernement libéral n’est pas naturellement aligné sur l’idéologie albertaine ou celle du gouvernement provincial actuel. Mais les Albertains semblent préférer les pragmatiques aux idéologues — et je pense que c’est ce qu’ils obtiennent avec Tim Hodgson.
Q : Le premier ministre Carney a évoqué le développement des ressources dans son programme. Que pensez-vous de l’orientation qu’il pourrait prendre et de la place qu’il accordera à l’Alberta dans ce dossier ?
JO : Je pense qu’il adoptera une approche très axée sur les affaires. C’est son expérience personnelle, et c’est aussi celle du ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, M. Hodgson. Il prendra en compte les réalités économiques, s’interrogera sur les projets les plus rentables, les plus logiques, ceux qui répondent le mieux à l’intérêt public — ce qui est l’objectif du gouvernement. On peut supposer qu’il s’assurera que ces projets se déroulent de manière responsable, mais sans excès de bureaucratie.
Q : Quelles sont, selon vous, les occasions que pourrait manquer Ottawa en Alberta ?
JO : L’intégration de l’économie canadienne à celle des États-Unis représente, à terme, un risque pour le Canada — et on l’a bien vu récemment. Actuellement, la quasi-totalité de notre énergie passe par les États-Unis. On doit se demander si c’est viable pour l’avenir. L’Alberta obtient un prix inférieur au marché pour son pétrole, car il n’a qu’un seul débouché : les États-Unis. Le Canada atlantique est lui aussi particulièrement vulnérable. La plupart de notre gaz naturel transite par le Maine, et notre infrastructure énergétique comporte de nombreux risques. Nous disposons pourtant d’une ressource qui restera essentielle pour les années à venir, mais nous y avons difficilement accès sur notre propre territoire.
J’ai appris au cours du sommet que la majorité des investissements dans les énergies renouvelables au Canada se fait en Alberta. Je n’avais jamais entendu cela auparavant, et je doute que les Canadiens de l’Est le sachent. Ces projets représentent des occasions d’investissement, de partenariat et d’emploi.
Q : Comment les entreprises albertaines peuvent-elles s’assurer d’être entendues à Ottawa ?
JO : Je dis souvent à mes clients : plus vous excellez en affaires, plus il vous sera difficile de comprendre le fonctionnement gouvernemental, car les deux univers sont presque opposés. Il est essentiel de s’entourer de gens qui comprennent la mécanique complexe de l’administration. C’est là qu’interviennent les consultants. Les consultants en relations gouvernementales parlent à la fois le langage des entrepreneurs et celui des fonctionnaires. Ils peuvent aider les entreprises à se faire comprendre du gouvernement, mais aussi à comprendre le processus décisionnel gouvernemental, qui diffère considérablement du monde des affaires. Ils peuvent les guider sur les attentes, les délais, les points d’intervention — autant d’éléments qui augmentent les chances de succès.
Q : Selon vous, qu’est-ce que Porter O’Brien peut offrir aux clients de l’Alberta pour combler le fossé qui les sépare d’Ottawa ?
JO : Lors du sommet North Star sur la sécurité énergétique, un participant m’a marqué par sa lucidité. Originaire de l’Alberta, il a passé une grande partie de sa carrière aux États-Unis. Il a dit : « Je parle américain, canadien et albertain. » Cela m’a interpellé, car il s’agit justement de comprendre ce que les Albertains pensent du centre du Canada, d’Ottawa et du gouvernement.
Plusieurs membres de notre équipe ont des racines en Alberta, ou y ont vécu et travaillé. Beaucoup d’entre nous ont géré des dossiers de clients albertains dans divers secteurs. Donc, autant qu’une équipe externe puisse le faire, je pense que nous comprenons l’Alberta. Et notre personnel connaît très bien l’appareil gouvernemental à Ottawa. Nous avons de solides liens dans les milieux politiques et la fonction publique. Nous sommes donc en bonne position pour combler ce fossé — ce qui n’est pas nécessairement le cas des Canadiens du centre.
L’Atlantique et l’Ouest partagent d’ailleurs bien plus qu’on ne le croit. Nous avons tous deux l’impression d’être parfois lésés, oubliés ou ignorés dans les décisions prises à Ottawa ou à Toronto. Grâce à notre connaissance de l’Alberta, à notre ancrage atlantique et à notre expertise des rouages fédéraux, Porter O’Brien offre une combinaison d’expertises relativement unique.
Comments